TROIS JOURS A BARCELONE (7)
Présentation : Gwen Le Tallec Auteur de romans jeunesse et de nouvelles
Site pro : http://www.gwen-le-tallec.fr/
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Introduction :
EVENEMENT ! bfr le Mag' s'ouvre aux auteurs, et quels auteurs !
Gwen Le Tallec , que nous avions rencontré et interviewé il y a 6 mois
nous offre pour un RDV HEBDOMADAIRE sur bfr e Mag', la lecture de son dernier ROMAN !
Interview : https://youtu.be/4PvUEjfLcbA,
Chapitre 7 Le matin du second jour…
Je me réveille vers 8h avec un mal de crâne phénoménal.
Les mauvais rêves de la nuit m’ont épuisée. Je traîne un peu dans le lit en zappant.
Les actualités en français, espagnol ou italien me dépriment.
J’éteins la télé. Je regarde le plafond les bras en croix…
Je suis à deux doigts de basculer dans le gouffre de la dépression. Je refuse !
Je me dis :
– Allez ma vieille ! Remue-toi ! Barcelone est à toi !
Je m’élance sous la douche, glisse et manque de me fracasser la tête contre le lavabo.
Je suis assise par terre, nue et complètement ridicule ! Je ris !
Il me fallait ça pour chasser les mauvaises pensées.
La douche finit par me réveiller et me donner du tonus.
Je m’habille léger et file dans la salle de restaurant pour un petit déjeuner pantagruélique ! Je me goinfre de viennoiseries, de fruits, de céréales…
Je ne vois pas autour de moi les gens qui me regardent, s’offusquent ou s’amusent de la situation. Un couple d’italiens sexagénaires me fixe, dégoûté et horrifié.
Je m’aperçois subitement qu’il me scrute. Je m’arrête net, les yeux ronds.
La femme tente un demi-sourire, l’homme reste froid. Soudain, j’imite le grognement du cochon et je plonge mon nez dans un bol de céréales. L’italienne pousse un cri de frayeur et l’homme se lève. Il quitte la salle de restaurant en proférant des insultes en italien. Les autres clients me regardent, pétrifiés. Je me lève et salue l’assistance.
Une bande de jeunes anglais applaudit en sifflant et criant des hourras ! Je salue à nouveau et me retire dans ma chambre.
Je ferme la porte et pousse un cri de plaisir ! C’est si bien de vivre !
Je change de tenue pour de la couleur.
J’enroule autour de mon cou une écharpe jaune, celle que Solal m’avait offerte à Jersey et je mets mon chapeau. Mon téléphone sonne, c’est ma mère ! Je ne réponds pas, je suis trop bien ! Seule ! Je m’élance dans les escaliers, jette la clé au réceptionniste et sors de l’hôtel en inspirant fort, les yeux au ciel !
Je n’ai pas vu le jeune homme débouler avec sa trottinette. Il fait un écart en voulant m’éviter et s’emplâtre dans un lampadaire. Il m’invective en espagnol. Il a un débit de parole très rapide. Il me fait des gestes obscènes. Cela a pour effet immédiat de me mettre hors de moi. Je l’insulte à mon tour, et deviens hystérique. Il est scotché ! Il s’arrête de parler, me regarde bizarrement et s’enfuit en me faisant un bras d’honneur.
– Connard ! Je lui lance. Une femme à côté de moi me demande : – Tout va bien ? Vous n’êtes pas blessée ? – Non, merci… Vous êtes française ? – Oui, je suis ici avec mon mari pour quatre jours. Nous venons de Vitré, à côté de Rennes. – Je connais ! Je suis de Saint-Malo ! Quel hasard ! – Si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas. Nous sommes dans la chambre 212. Nous partons visiter la Sagrada Familia avec un autre couple d’amis. – Il paraît que c’est un endroit très pittoresque. – Comme cette ville ! Je m’appelle Mathilde ! – Oh ! Moi, c’est Lilou ! Merci pour tout ! – De rien et à bientôt peut-être ! – A bientôt…
C’est étrange mais les gens se parlent dans cette ville.
Ils s’engueulent, s’aiment, s’entraident… C’est naturel… C’est tellement différent d’ailleurs…
Je suis bien ici…
Je remets mon chapeau qui était tombé et me dirige vers le centre-ville.