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TARAN by Gwen Le TALLEC (Ch 16 & 17)


Chapitre 16

9 juin 2016…

J’ai été transporté à l’hôpital. Traumatisme crânien et trois jours d’incapacité de travail… Chouette…

Costa et Léa sont arrivés ce matin avec des fleurs… J’ai ouvert un œil et j’ai souri…

– Vous avez l’air con !

– Merci commissaire ! répond Léa.

– C’est Léa qui a eu l’idée ! Moi j’trouvais ça idiot !

– T’es chié Costa ! On était d’accord !

– C’est pas grave… C’est gentil de votre part… Vous avez une clope ?

– C’est interdit dans les chambres commissaire !

– J’m’en fous Costa !

Il me tend une Peter Stuyvesant et un briquet.

Je l’allume et me prends une grande bouffée.

– Ah !!! C’est bon !

– Vous ne devriez pas commissaire. Dans votre état, il faut vous reposer.

– C’est bon Léa ! Donnez-moi plutôt les dernières nouvelles !

C’est Costa qui se propose de faire un débriefing.

– Hélène Guirriec n’a pas survécu à ses blessures… Elle est morte cette nuit…

– Merde… Et la jeune femme d’hier ?

– Kaelig Fanch ! Trente ans, célibataire, elle tient le club de plongée de la Rade de Brest à dix minutes de son domicile. C’est une sportive et c’est sans doute ça qui l’a sauvée. D’après les premières constatations, le gars a utilisé un harpon comme vous le savez. Il a attendu qu’elle ouvre pour lui tirer dans le buffet.

Elle a eu le réflexe de refermer d’un coup de pied la porte d’entrée. La flèche a ripé sur l’encadrement de la porte et s’est fichée dans son flanc. Ça lui a sauvé la vie. Elle est en salle de réveil. Elle a été opérée cette nuit. Elle est hors de danger.

– Et l’agresseur ?

– Volatilisé… Après vous avoir mis KO, il s’est dirigé vers un ponton. Il avait tout prévu, le saligaud !

– Pourquoi ?

– Il avait amarré un zodiac au bout du ponton. Il s’est échappé par la mer… La classe, le gars.

– Prévoyant, oui ! On a affaire à un type intelligent et prudent ! Nous avons dû lui faire peur hier soir. Il va se méfier maintenant…

– Notre théorie se vérifie commissaire. Le type a utilisé un harpon pour tenter de tuer Kaelig Fanch. Une arme en lien direct avec la profession de la jeune femme.

– C’est un homme grand. Un mètre quatre-vingt-cinq environ, il est blanc. Il a les yeux marrons et je confirme qu’il a des pieds immenses. Il est également gaucher.

– Comment l’avez-vous vu ?

– Son couteau… Il le maniait de la main gauche. C’est un type très agile et sportif. Il est entraîné. Il faut investiguer les salles de sport comme nous l’avions dit. Et de votre côté Léa ?

– J’ai plusieurs pistes de profils espions. Je fais des recoupements avec l’ensemble des victimes. Une chose est claire : toutes les victimes sont très actives sur les réseaux sociaux. Elles ont beaucoup d’amis internet. De plus, leur profil n’était pas sécurisé, si bien que l’ensemble de leurs posts est accessible à tous. Le tueur peut sans souci épier ses victimes, étudier leurs habitudes afin de les piéger.

– Comment tu les repères ? demande Costa.

– Ce sont souvent des comptes avec des pseudos. Si tu vas sur leur mur, il n’y a généralement rien ou pas grand-chose. Cela doit normalement alerter la personne qui est invitée à devenir son ami. Pour les victimes, elles n’ont pas fait attention, plus attirées par leur popularité que par leur sécurité.

– Une fois que tu auras découvert le profil espion ?

– On tracera son adresse IP pour le retrouver.

– J’y comprends rien… Mais je te fais confiance Léa.

– Costa…

– Oui, commissaire ?

– Tu m’as sauvé la vie… Je ne sais pas si c’est une bonne chose mais je te remercie.

– Avec plaisir, commissaire.

– Donnez-moi mes vêtements et sortez d’ici ! Je déménage !

– Mais… Commissaire !

– Silence Léa ! Je sors ! Nous avons un tueur dehors !

– Bien…

Costa me tend mes vêtements. Ils sortent dans le couloir.

J’ai un vertige quand je m’assois sur le lit. Je ferme les yeux et respire.

Je m’habille difficilement. J’ouvre la porte de la chambre.

Costa et Léa me regardent, effarés.

– Quoi ?

– Vous avez une sale gueule commissaire.

– Vous ne vous êtes pas regardé Costa ! Léa, vous pouvez m’aider à marcher ?

– Bien sûr commissaire !

– On vous emmène où ?

– Chez moi ! C’est notre nouveau QG, le temps que je me remette ! Léa, vous irez chercher votre matos informatique et le ramènerez. La chasse à l’homme continue…

Chapitre 17

Tifenn… Que s’est-il passé entre nous ? On s’est éloignés, je t’ai délaissée, c’est tellement banal… Putain, je pensais que cela ne pouvait pas nous arriver à nous. Depuis si longtemps, nous étions sur le même chemin. Nous allions ouvrir une nouvelle page de notre histoire… Un enfant… Etre trois, vivre pour lui et non plus pour nous, donner enfin un sens à notre vie. Tu avais réussi… Une romancière reconnue… J’étais fier de toi… Moi c’est plus complexe, mais j’aime mon boulot…

Qui est ce type ? Rodolphe ? Un libraire… Evidemment, il devait être plus séduisant que mon silence et mon absence… Un flic n’a pas envie de souiller sa famille avec les histoires sordides vécues au quotidien. Résultat, on parlait beaucoup de tes romans, de tes rencontres d’auteurs célèbres, de salons du livre et festivals en tout genre.

Quand tu me posais des questions sur mon job, j’éludais et passais à un autre sujet. Pourtant tu tentais de t’introduire dans mon univers. Tu m’avais dit que tu aimerais écrire un roman policier pour mieux me connaître… Tu l’avais commencé sans m’en parler… Edifiant, non ? Tu avais lâché prise et moi je n’ai rien vu venir.

Ce week-end, j’irai à Saint-Malo voir ce type … Pour le voir, lui parler peut-être… Découvrir ce qui t’avait fascinée chez lui… J’me déteste. Pourquoi je n’ai pas appuyé sur cette gâchette ! Même pas foutu d’arrêter le plus grand meurtrier de ces dernières années. Je pensais qu’à Brest, j’aurais coulé des jours paisibles… Putain, c’est dingue cette histoire !

– Commissaire ?

Je sors de mes pensées.

– Oui ?

– Nous sommes arrivés chez vous. Vous voulez que je vous laisse un peu tranquille avant de reprendre notre enquête ? J’ai des trucs à vérifier.

– Ok, merci Costa. On se retrouve à 17h00 chez moi. Vous prévenez Léa ?

– Bien sûr. J’y vais…

Costa me laisse à la porte de ma maison jaune. Je suis une bête blessée, seul, solitaire. J’ouvre la porte de mon repaire, avale un Lexomil et m’affale sur mon canapé, épuisé… Je m’endors profondément.

Costa et Léa ont eu beau sonner vers 17h, je n’ai pas répondu. La fatigue et l’antidépresseur ont eu raison de mon corps fatigué. Ce n’est qu’au petit matin, le lendemain, que je me suis réveillé.

Vendredi 10 juin 2016… 7h00.

Plouzané, petite commune jouxtant Brest…

Ce salaud de flic a failli m’avoir… J’vais le buter…

– Coucou mon chéri, tu as bien dormi ?

– Oui ma douce ! Et toi ?

– Merveilleusement bien ! Tu rentres tard ce soir ?

– Oui, je vais à la salle de sport ! Je rentre vers 21h00… Tu ne m’attends pas, mon amour.

– Je te prépare un petit plat ! J’irai peut-être au ciné avec Suzanne. Je t’envoie un texto. J’y vais ! Et n’oublie pas ! Je t’aime Patrick !

– Je t’aime Elise…

– Et ta jambe, ça va ?

– Oui ! Rien de grave… Je ferai gaffe la prochaine fois à la salle de sport.

– N’en fais pas trop ! Tu as un corps parfait ! A ce soir !

Tu vas me payer ça sale flic... Dès ce soir, le processus sera lancé…

– A ce soir mon cœur !

Patrick Mahé descend dans sa cave. Il a aménagé l’espace en bureau et salle de musculation. Il a installé son ordinateur dans un coin et conserve dans ce lieu ses dossiers précieux. Le reste de la pièce est dédié à un rameur, tapis roulant et banc de musculation pour soulever de la fonte. Il s’assoit et se connecte sur Facebook.

Il tape le nom de sa prochaine victime.

Il découvre son profil. Il est devenu ami avec elle depuis peu.

Cela n’a pas été simple de lui faire accepter l’invitation. Elle n’est pas discrète sur sa profession.

Enfin ce sont surtout ses amis qui appartiennent tous à la police de Brest et ils le revendiquent ! Il a dû créer un profil avec plus de contenu et d’historique. Il a passé plus de temps mais le résultat est là… Il en sait assez pour organiser sa prochaine punition…

La passion de sa proie est le sport en salle, cela tombe bien. Il adore. Il passe trois jours par semaine dans son club de sport. Il souhaite avoir un corps parfait. Il a des muscles saillants, pas un poil de graisse. Les femmes se retournent souvent à la vue de sa démarche féline et virile.

Au boulot, on l’appelle le matador. Il trompe souvent sa femme pour satisfaire son narcissisme. Il compte ses conquêtes comme des trophées. Sa femme n’est au courant de rien. Elle est trop accaparée par son travail de chargée d’affaires pour une grosse boîte d’agroalimentaire. Elle est souvent en voyage à travers la France et l’Europe pour présenter ses produits. La trentaine tous les deux, ils n’ont pas encore d’enfants…

Patrick intérieurement n’en veut pas. - « Plutôt crever ! » pense-t-il.

Il est 8h, il doit partir au travail. Ce soir, il fera connaissance avec sa prochaine proie…

Au sujet de l'Auteur :

Gwen Le Tallec

Auteur de romans et de nouvelles

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