"JE SUIS JUSTE ACCRO AUX GENS"
Contrairement à ce que l'"on" pourrait imaginer, Dinard n'est pas que le fief d'une jeunesse dorée, bling-bling, fêtarde (bien que la faire, la fête, ça ne peut pas faire de mal par les temps qui courent, c'est même recommandé au regard de l'actu)... Non pas que de la poudre aux yeux ! Et heureusement pour nous.
Dinard ! Petite émeraude de la Côte d'émeraude ! Tu "possèdes" aussi en ton sein un digne représentant d'une autre jeunesse, une perle rare, un authentique petit bijou de créativité musicale, authentique et généreux, le savais-tu Dinard ?
Un diamant brut, sans chichi et sans paillettes...
"ce caillou qui roule" fait un Rap, comme on faisait du Rock dans les années 70, un Rap juste rebelle comme il faut, sans haine, sans provocation, un Rap qui raconte la vie, sa vie, leur vie. Ce garçon pratique son art comme certain(e)s font de la peinture ou de la photographie, en nous offrant un vrai travail d'orfèvre, ciselé et soigné...qui ne nous laisse pas insensible.
Il fait du Rap et il se nomme Wyll,
L'ovni Wyll, que je connais et suis depuis deux ans au moins, nous revient avec un nouveau clip brillamment réalisé par son compère réalisateur Kaderaf de Mécanisme.
Le titre "Prise de conscience" prend toute sa dimension sous la direction et l'oeil aiguisé de Kaderaf, qui d'ailleurs, il y a quelques mois, nous a déjà donné avec "Mal de crâne" (Wyll) un avant-goût de l'étendue de son savoir-faire, de sa maîtrise, tant sur le plan "image" que sur le plan de la réalisation; un réalisateur très prometteur, avec déjà une signature en devenir.
Le texte de Wyll est sublimé par la photographie du clip, un travail remarquable
à tous points de vue.
Avec cette nouvelle réalisation, on est partagé par le fond (le texte) et par la forme (l'image), partagé mais pas déchiré, ces artistes nous offrent deux oeuvres en un clip.
Oscillant entre flous artistiques, éphémères noir et blanc et scènes de vie colorisées, les images se succèdent avec rythme et fluidité... On se laisse embarquer dans ce témoignage autobiographique musical. Allez, montez-donc dans le "Magic bus" !
Ce clip vidéo raconte une histoire, c'est un véritable petit film qui pourrait très bien se passer de musique... mais ne vous méprenez-pas, il s'agit de Rap, et le texte du généreux Wyll, je le répète est superbement sublimé, et prend toute sa dimension humaine, car il s'agit de l'humain, de l'être, du questionnement, des doutes, de la vie quoi ! On en prend plein le coeur.
Wyll – Prise de conscience / Clip vidéo réalisé par Kaderaf
Le temps passe trop vite Et c'est maintenant que je m'en rends compte J'affronte l'aiguille et c'est dans mon corps quelle s'enfonce Fonce, c'est ce que j'me disais tout gamin Et tant pis si je tombais à cette âge, je n'avais peur de rien Et en un rien temps, tout a changé La peur m'est rentrée dans, ou j' crois plutôt qu'on m'y a poussé Dégoûté, moi j'étais tranquille j'étais sage Puis on m'a menacé, avec un flingue on m'a pris en otage Mis dans une cage et on veut nous faire croire qu'on est libre On maquille notre paysage pour cacher les débris Mais on est pas tous débiles, même si on suit la chaîne Mets un filtre, mais tu pourras pas camoufler l'odeur de la merde Plus rien n'est pareil, tout change à chaque époque Y' a les mauvais souvenirs qui restent même si t'a fermé la porte Oui j'ai encore de la force, mais j' sais pas où j' vais là chercher T' façon faut que j m'en sorte sinon c'est la corde qui va me porter À porter trop de choses sur le dos, je suis tombé à genoux Quand on veut porter les pierres des autres, bah ! on finit pas sa course Putain de jour, où on voudrait être quelqu'un d'autre C'est tellement lourd d'être soi-même, que parfois j'aimerais bien faire une pause Ah ça cause, pleins de belles paroles à tout va A croire que tout va bien et que personne n'est le coupable Allez courage, il ne faut pas que je flanche J' peux pas jouer les lâches face à ma famille qui est mon exemple De la souffrance j'en ai eu et y en aura encore Moi et le silence y aura bien un jour où on se mettra d'accord Et quelques accords et me voilà à chanter Premières paroles et je ne peux plus m'arrêter Timide et stressé, j' suis là dans mon petit monde Trop facilement touché à chaque nouvelle rencontre Mais quel con ! Pourquoi tu t'attaches trop ? T'es trop bon ! Mais pourquoi tu donnes trop Et je crois juste que J' suis accro aux gens C'est mon défaut, la solitude et moi, on ne tient pas longtemps J' passe la plus part de mon temps à écrire des tonnes de textes C'est un médicament qui soigne tous mes maux de tête En tête à tête avec moi-même, j'apprends beaucoup sur moi Une scène, quelques paillettes et j'prends confiance en moi Alors oui parfois j' suis mort de trouille Mais j'y vais quand même Et rien à foutre la peur, ça s'affronte bordel ! J'entends des cris "à l'aide !", alors j'essaye de les sauver Des rimes pour exprimer sa haine c'est mieux que tout faire péter Alors j'fais des ateliers en essayant d'aider des jeunes Mais j'ai même pas fini de m'aider, alors j' devrais fermer ma gueule Dans le fond j'ai peur, mais je fais le fort sur scène Mais quand j' suis dans le vrai décor Bah là, j' fais moins le fier Tous les conseils que j'donne parfois je me les reprends en pleine face Je joue le mec ouvert alors que moi même je les mets dans des cases Mais 'suis lâche je me ments à moi-même J' me cache derrière un micro, et des tonnes de poèmes Sur scène j' me sens fort parfois même invincible Je prends le cœur des hommes et j m'en sers de cible Je me sens bien, enfin je me laisse aller dans cette vie Et je crois que finalement c'est comme ça que j'existe...
